Marge 36

[EN] Gérard Terronès, a producer on the "fringes" (he's so dedicated to it that he named one of his labels that way), tireless and unorthodox, has just released a superb live recording (his specialty for over a quarter of a century). Two long free improvisations (Untitled 1 and 2). In the "tradition" (!) of the New Thing from the Sixties and Seventies. Energy. Dazzling flashes at their most vertiginous. Alternations of soaring and plummeting like a roller coaster ride. Persistent repetitions with an almost hypnotic power. Sylvain Guérineau has experienced the "new thing" revolution from the inside: as a passionate/fascinated listener and as a musician/disciple. Jimmy Lyons and Albert Ayler, among others, as his masters and models. Fifty and sixty-year-old fans of free jazz fondly remember his solos, accompanied by Francis Marmande (double bass) alongside Jacques Réda reciting his texts (spoken words at the Museum of Modern Art in the 1970s). Like fine wines, Guérineau has improved with age, and with the Duboc-Lasserre duo, he has found an ideal rhythm section in such a context. About thirty years of age difference - in terms of age: no freshness, no zeal, no enthusiasm - separate the horn player from his accomplices. Nobody can tell by listening. A fusion-like understanding. Perfect - a kind of spiritual unity... It's the legendary trio (Albert Ayler-Gary Peacock-Sunny Murray) that irresistibly comes to mind when listening to this sumptuous "[TER]". Confirmation, resounding: Didier Lasserre is truly a very talented, vibrant jazz drummer. Inventive, surprising, attentive. Sometimes even earth-shaking.

///////////////////////////////////////

[FR] Gérard Terronès, producteur en “marge” (il y tient tellement que c’est ainsi qu’il a baptisé un de ses labels), infatigable et hétérodoxe, vient de sortir un superbe live (sa spécialité depuis plus d’un quart de siècle). Deux longues improvisations free (Sans titre 1 et 2). Dans la “tradition” (!) de la New Thing des Sixties et des Seventies. Énergie. Fulgurances des plus vertigineuses. Alternances d’envolées et de descentes aux violences de montagnes russes. Réitérations obstinées au pouvoir quasi-hypnogène. Sylvain Guérineau a vécu de l’intérieur la révolution de la “nouvelle chose” : en tant qu’auditeur passionné / fasciné et musicien / disciple. Jimmy Lyons et Albert Ayler, entre autres, comme maîtres et modèles. Les quinquagénaires et sexagénaires fans de free se souviennent avec émotion de ses chorus, accompagné par Francis Marmande (contrebasse) aux côtés de Jacques Réda récitant ses textes (spoken words au Musée d’Art Moderne dans les années 70). Comme les grands crus Guérineau s’est bonifié et il a trouvé avec la paire Duboc-Lasserre une rythmique idéale en un tel contexte. Une trentaine d’année — d’état civil : pas de fraîcheur, d’ardeur et d’enthousiasme — séparent le souffleur de ses complices. Nul ne peut s’en douter à l'écoute. Entente fusionnelle. Parfaite — spiritual unity en quelque sorte... C’est au trio mythique (Albert Ayler-Gary Peacock-Sunny Murray) que nous pensons irrésistiblement à l'écoute de ce somptueux “[TER]”... Confirmation, éclatante : Didier Lasserre est vraiment un très grand batteur du jazz (très) vif. Inventif, surprenant, attentif. Tellurique aussi parfois.

- www.jazzmagazine.com - Pierre-Henri ARDONCEAU -